1492 La conquête du paradis
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1492 LA CONQUETE DU PARADIS Robert THURSTON En 1492, Christophe Colomb, marin explorateur, doit convaincre la cour d’Espagne, le clergé et les marchands qu’il existe une route occidentale vers Cathay, et toutes les richesses de l’Asie. Au terme de sa traversée de l’Atlantique, il découvrira une île splendide. Il lui faudra des années pour comprendre que ces terres ne sont pas l’Asie. Ces îles sont les portes d’un nouveau continent. Il y cherche toutefois les richesses, qu’il est supposé rapporter en Europe. Il tente, en vain, de les coloniser, l’expérience ne durera pas, c’est l’échec. C’est en homme déchu, les fers aux pieds qu’il est ramené en Espagne. Ce récit fait référence à des éléments fondamentaux de la médiation. Au travers du personnage principal , l’ouvrage décrit les stratégies de communication dont fait preuve Christophe Colomb pour convaincre la cour ; ses façons de traiter l’information, son style , son expression sont riches d’enseignement pour un médiateur . Cette histoire interpelle aussi sur les mécanismes du conflit : la manière discrète dont arrive un conflit, sa progression, son escalade. L’ouvrage, par ailleurs, renvoie à l’interaction entre le savoir et l’ignorance, le bonheur et la souffrance. Il montre combien sortir de l’ignorance conduit à la douleur, combien la découverte est source de bonheur STRATEGIES DE COMMUNICATION Christophe Colomb veut partir à la découverte de l’Asie, il n’a pas réussi à convaincre le roi du Portugal, alors, il se tourne vers le royaume d’Espagne ; il doit argumenter et prouver qu’il n’est pas complètement fou. Christophe COLOMB est un excellent marin, il maîtrise les techniques de navigation, en revanche, l’art du discours lui manque. Il éprouve alors la nécessité de s’entourer d’un homme de confiance, un expert en cosmographie et en astronomie, le moine Marchena. Celui ci l’aide à préparer l’entretien qu’il doit avoir à l’université de Salanque, il le fait répéter maintes fois, lui recommande de ne pas se laisser emporter par la passion Ce simulacre d’entretien lui a donné confiance et son argumentation commence à être bien bâtie Le jour venu, l’auditoire montrait des visages hostiles et maussades. Ils avaient des habits de lumière étincelants. Christophe Colomb ne se laissa pas impressionner, il sut répondre aux questions et garder son calme . Toutefois, il rentra auprès de Marchena, déçu, abattu, en disant qu’ils ne voulaient pas l’écouter. Pour obtenir l’audience auprès de la reine, il a alors fait appel à un deuxième homme de confiance, ayant des appuis à la cour, l’armateur Pinzon. Le jour venu, Christophe Colomb ressentit une admiration sans borne de la part de la reine Isabelle qu’il traduisit en ces termes « ses yeux brillaient d’un éclat impétueux : la gloire de la reconquête avait ,sans aucun doute, transformé son esprit . Le moment de plaider pour ma cause était idéalement choisi ».Au cours de l’entretien, ses répliques plurent à la reine : « son sourire montrait qu’elle appréciait l’absence d’obéquiosité. Il la faisait rêver : ainsi l’océan est traversable, dit elle Enfin, elle se mit à rougir, lorsqu’il lui demanda son âge, néanmoins, elle lui répondit : 38 ans Il a ainsi réussi son argumentation, il a su créer une image de confiance, et provoquer un état émotionnel, chez son auditrice, en développant un raisonnement étayé La reine lui en sera reconnaissante , elle le nomme chevalier, il aura le droit de porter des éperons d’or, et sera nommé grand amiral de la mer Océane. Ces émotions ressenties par la reine se prolongèrent lorsqu’elle le reçut, enchainé, « elle aurait voulu le consoler, elle lui posa un regard ému, et étrangement avait l’impression d’avoir vécu mille aventures en sa compagnie » LES CONFLITS Tout est prévu pour que le voyage se passe bien, et pourtant la lenteur de la traversée, l’inquiétude naissante de l’équipage vont déboucher sur des conflits. A partir d’événement banal, le stress, l’angoisse génèreront violences et colères. Avant le départ, Christophe Colomb veille au bien de ses troupes, il leur donne un acompte, il fait rentrer vin et victuailles à bord.. Tomas a emmené sa guitare et entretient la gaité par sa musique, Toutefois, au bout de trois semaines de navigation, les marins fatigués, commencent à s’ennuyer, les humeurs se dégradent ; le premier trouble apparaît, au cours d’une simple partie de dés ; lors d’une discorde, un mousse a même été jeté par-dessus bord. Un jour, Pinzon, marin chevronné , se rend compte que Christophe Colomb, a triché sur le délai du parcours, il le lui dit ouvertement .L’équipage s’en mêle, se révolte et attend des explications. Christophe Colomb leur laisse exprimer leur colère , puis , à la fin prononça un discours où il fit appel à la sensibilité des troupes ; il s’adressa à un mousse, « au visage d’ange » Bermejo, il lui confia sa veste en guise d’étendard . Cette veste , dit il, est pour le premier homme qui verra la terre. Bermejo n’arrivait pas à croire son bonheur d’avoir été choisi pour ouvrir le tour de veille, il se jeta à l’assaut du mât. Au moment ou il arrivait en haut, un frisson parcourut le pont : le vent !. Des sourires s’épanouirent sur les visages, la colère et la peur s’effaçaient lentement Il a fallu l’intervention éclairée du médiateur Colomb pour mettre fin à l’escalade des conflits, aboutissant à la violence aux mutineries. Progressivement il a su ramener la sérénité. Une fois sur l’île les hommes de l’équipage commencèrent la colonisation, et fondèrent une ville, nommée Isabella, sur cette terre, qu’il pensait être des Indes, ils découvrirent les dangers de la jungle ; la morsure de serpent, mortelle pour Alonzo, la maladie de Pinzon, qui se mit à pisser le sang, la perte d’un bateau, le Santa Maria, un jour de tempête déferlante. Confrontés à tous ces phénomènes qu’ils ne maîtrisaient pas, ils s’établirent tout de même confiants, accompagnés et soutenus par Christophe COLOMB, qui les rassuraient. Mais les tensions reprenaient avec les indigènes, les actes de violences se multipliaient et, bien que Christophe Colomb négociait la paix avec le chef du village, le grand projet de Christophe Colomb semblait s’éloigner comme une caravelle vers l’horizon lointain Christophe Colomb est lui même animé d’un conflit intérieur ; à la fois transporté de joie à la perspective de cette belle aventure, il prend en même temps conscience des difficultés qui l’attendent , il souffre de devoir se séparer de Béatriz sa femme et de ses fils Il est pris entre l’envie de découvrir, et le regret d’abandonner son bien être familial .Il a du mentir pour ne pas inquiéter ses hommes, sur la durée du voyage, et le mensonge lui pèse, il s’en réfère à Marchena. Il s’en adonne à la prière pour obtenir que les vents se lèvent LE SAVOIR ET L’IGNORANCE « Faire une chose pour la première fois est toujours effrayant, mais c’est en surmontant ses craintes que l’on trouve la récompense » , cette réflexion de Christophe Colomb à ses troupes traduit parfaitement le contexte dans lequel il se trouve : accompagner les autres vers la connaissance Avant le départ, Christophe Colomb a du d’abord rassurer son fils : tu ne peux pas aller là ? dit Fernando à son père en montrant du doigt la mer océane entre l’Europe et l’Asie, peuplée de monstres et de créatures grotesques. A cette question remplie d’angoisse et de peur Christophe Colomb prit le temps d’expliquer à son fils : à l’aide d’une orange, pour lui expliquer que la terre était ronde, à l’aide de lunette pour lui montrer la disparition progressive de la caravelle qui coulait lentement derrière la ligne d’horizon Au cours des quatre voyages, il a fait preuve de conviction et de persévérance, et surtout de motivation . Envahi par le doute, il a connu des hauts et des bas, il a subi des joies et de grandes peines. Il a été capable d’assumer, car sa croyance était plus forte que tout, le plus difficile était de convaincre ses hommes de ne pas faire demi tour. Il dit lui-même qu’il n’a pas entrepris ces voyages pour les honneurs et les richesses, il croyait en son projet, et c’était sa force. Après tant de péripéties, il retrouve le moine Marchena, alors au seuil de sa vie, qui contemplait son jardin . Ce dernier lui livra une dernière réflexion : « te souviens tu d’avoir brocardé les gens qui parlaient du monde, sans avoir jamais quitté leur jardin ? Je me demande ce que l’on réussit à accomplir en quittant son jardin. Le monde se transforme, mais il reste identique. » Christophe Colomb lui répliqua : « les nouveaux mondes créent de nouveaux individus» « Alors, serais tu un homme nouveau ? » lui dit Marchena A la fin de sa vie, Christophe Colomb , terriblement vieilli, les bras dévorés par l’arthrite revit encore ses premiers moments de bonheur, à la vision de San Salvador, l’île voluptueuse.